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Maudit hiver!

Josée Labrie

Pour une bonne majorité d'entre nous, l'hiver n'est ni plus ni moins qu'un mauvais moment à passer. Au point où on a l'impression que, même après 400 hivers passés en Amérique, les Québécois ne se sont pas encore adaptés à leur climat. Autopsie de l'état d'esprit de nombreux Québécois face à une saison au cours de laquelle ils semblent avoir perdu leurs repères.

L'hiver provoque bien des mécontentements. Dès la première bordée, les automobilistes grincheux se montrent impatients de rentrer chez eux et se plaignent du trafic dense, empêtrés dans les centimètres de neige. Ensuite, ils pestent, encouragés par le ton plaintif des présentateurs météo, car ils devront ramasser cette neige, «ce cadeau du ciel». Que diraient nos ancêtres, ceux qui ont colonisé le pays dans des conditions difficiles, en entendant nos jérémiades? «Aurions-nous engendré des moumounes, pardieu!»

Est-ce parce que les Québécois sont des geignards professionnels ou est-ce parce qu'ils ne se sont jamais réellement adaptés aux rigueurs de la saison froide?

Pour trouver quelques réponses à ces questions, nous avons décidé de rencontrer des spécialistes et de réunir un groupe d'une dizaine de personnes qui ont en commun de vivre ou de subir l'hiver (selon le cas), afin d'échanger sur ce thème. La rencontre a lieu à la fin d'un après-midi gris et humide du mois de novembre. Le groupe est formé de professionnels, célibataires ou vivant en couple, choisis au hasard. Plusieurs ont de jeunes enfants et doivent composer avec les horaires d'école ou de garderie ainsi qu'avec leurs obligations professionnelles. Ce sont donc des parents «normaux». La discussion est animée et prend très vite la forme d'un règlement de compte à l'égard de l'hiver. À la fin de l'entretien, nos participants sont satisfaits de l'échange et soulagés. L'idée de créer des groupes de discussion sur l'hiver, qui serviraient d'exutoire aux frustrations, émerge à la suite de cette rencontre.